En guise de rapide aperçu de l’expertise intellectuelle humaine années 2010, des propos tenus par Jim Al-Khalili, professeur britannique de physique théorique à l’Université de Surrey et « habitué de la vulgarisation scientifique », lors d’un entretien avec la journaliste Virginie Nussbaum, du journal suisse Le Temps :

« Vouloir savoir et comprendre n’est pas un trait humain, mais un trait d’intelligence. »

« Comprendre le monde et comment il fonctionne est ce qui nous rend humain. Et nous continuerons à le faire. »

En clair (?), la volonté de savoir et comprendre est un signe d’intelligence qui peut ne pas être d’origine humaine, mais comprendre le monde et sa façon de fonctionner rend pourtant humain. Notre expert essaie sans doute de nous dire qu’avec nos habitudes intellectuelles culturellement formées ces derniers siècles, nous analysons le monde d’une façon trop mécaniste (comprendre un fonctionnement, c’est séparer une mobilité en fonctions délimités et en autant de structures pouvant être identifiées indépendamment les unes des autres), et que cela réduit considérablement le champ, l’étendue de notre compréhension et des perspectives qu’elle pourrait nous ouvrir, mais que c’est cette affaiblissement même qui fait notre humanité (selon son point de vue d’expert ; enfin, si par hasard il se trouve que j’interprète correctement ses propos [1] (rire)).

Les deux jeunes femmes actuellement accusées du meurtre de Kim Jong-nam, demi-frère de Kim Jong-un, sont en train d’apprendre à leurs dépens ce que l’on risque en agissant avec un champ de vision très limité, équipé d’œillères volontairement installées ou acceptées, assumées – tendance il est vrai partagée par l’ensemble de nos industries, en particulier l’industrie pharmaceutique, et pour le même motif.

(l’analyse mécaniste est comme une vision IKEA de l’artisanat, mais appliquée à la philosophie de la vie en même temps qu’à la physique de la matière ou philosophie de l’inertie)