Toute civilisation est développement d’un procédé d’accumulation de la puissance. Que le motif central de ce procédé soit religieux, économique ou guerrier, son but est toujours l’accroissement du pouvoir d’une élite sur une masse de producteurs et, optionnellement, sur le reste du monde. Plus cette entreprise d’accumulation de puissance est couronnée de succès et dure, plus son procédé se développe en folie collective.
Jadis, bien longtemps avant le capitalisme? triomphant, de "savants" prêtres engrangèrent des richesses sous prétexte de protéger les "ignorants" des maléfices dont regorge, c’est bien connu, le monde, le cosmos ; vinrent alors les prophètes. Les élites se partageant les territoires sur lesquels étaient installés leurs masses respectives de producteurs, apparurent les nations et les nationalismes. Entre-temps, des alliances entre rois et prophètes ou entre empereurs et prophéties firent naître de grandes religions, puis les intégrismes correspondants. Aujourd’hui, tout le monde "civilisé" s’adonne à une course contre la montre qui consiste à produire toujours, toujours plus et toujours plus vite, n’importe quoi sans savoir pourquoi.
Cependant, dans sa folie, l’humanité produit parfois, en des souffrances et au milieu d’atrocités infinies, du sublime. Elle grandit.