Bandeau
Devenir ou Destin
En marchant , élaborer nos propres chemins ou bien suivre les vieilles ornières.

Vaste amoncellement de réflexions personnelles sur la vie, la science, la politique, la nature?, l’esprit?, parfois les actualités politiques… Dirigés vers un but : élaborer notre propre chemin afin d’éviter le morbide et prévisible destin capitaliste.

Le tout avec de nombreux détours musicaux.

Palingénésie
Article mis en ligne le 28 mai 2018

Me promenant le long d’un ruisseau cette nuit, j’entendis des grenouilles et quelques autres bruits émis par une faune aquatique invisible. Il m’est alors venu à l’esprit?, par association d’idées, que tout au long de l’année passée j’avais subi une réincarnation partielle.

Mais non, je ne me suis pas transformé en grenouille, seul mon esprit? a été changé [1]. Il ne s’agit donc pas d’une réincarnation mais d’une respiritualisation de mon corps. Les croyances traditionnelles en la réincarnation des esprits humains dans des corps non humains me paraissent particulièrement absurdes, car l’esprit? est un constituant du corps – c’est pourquoi il est fort douteux, également, que l’on puisse un jour le télécharger dans une boite numérique ou quantique (chiffre, quand tu nous tiens !).

L’absurdité de ces croyances est peut-être aggravée par leur traduction en un langage occidental… Les bouddhistes ne croient pas en des réincarnations ; il n’y a pas, pour eux, métempsychose ou métemsomatose, il y a punarbhava, concept pouvant être traduit par re-naissance, pouvant aussi être assez correctement rendu par le mot palingénésie. La difficulté que nous avons à penser les choses de l’âme et du corps vient simplement du fait que ces deux entités ne se sont formées que "dans nos têtes" – dans nos "esprits". L’âme et le corps n’existent pas indépendamment l’une de l’autre [2]. Il n’existe que des êtres vivants formant autant de totalités liées ; il n’y a pas de corps vivant sans esprit? car celui-ci est la manifestation de la vie dans la matière autrement inerte qu’est le corps – même dans les amibes.

Là où l’Occident conçoit le déroulement du temps comme une succession de passages d’un état à un autre état, la pensée orientale ne considère que le flux, mouvement éternel du monde. Peut-être y a-t-il une même différence entre nos façons de penser l’espace, d’ailleurs, ainsi qu’entre nos façons de penser l’être vivant, mais l’auteur de ces lignes ne connaît encore pas grand chose des intelligences orientales…

– le dimanche 3 juin – Penser l’espace comme on conçoit un flux, un passage du temps indivisible… Pour la pensée chinoise, japonaise, coréenne, la petite ville de Redon (vers l’ouest de l’entité France) peut-elle faire partie de l’un seulement des trois territoires administratifs dont elle constitue en réalité un point de réunion (qui plus est, au croisement d’un fleuve côtier et d’un canal – mais il est vrai que, de nos jours, ce sont les autoroutes, les lignes TGV et les aéroports qui comptent…) ? Le système de pensée occidental n’est-il pas en lui-même, et fondamentalement, une manufacture de rivalités sources de guerres ?

Concernant le distinguo occidental corps-esprit?, lundi dernier il m’a fait oublier que l’esprit? est une qualité de la chair vivante ou, dit autrement, la vie de la chair. L’esprit? n’est pas autre chose que la vie de la chair, et réincarnation est alors, sans doute, une traduction du mot punarbhava pas si nulle que cela.

Mais il nous faut ici distinguer deux choses : la chair en général et le corps dans sa totalité. Nous considérons généralement l’esprit? comme une qualité du corps, ou plutôt de sa tête, voire même de son cerveau uniquement. Il est manifeste que lorsqu’une personne? est amputée d’un membre, ce membre vit encore, de maintes façons, dans sa tête, comme si l’esprit? de cette partie du corps résidait dans la tête. C’est parce que nous avons affaire à de la chair hautement organisée et c’est à cause de cela, sans doute, que nous avons élaboré le concept d’une "âme" ou d’un "esprit?" non intégré au corps, séparé.

Il y a bel et bien avantage à utiliser deux termes pour pouvoir aisément discuter de ces choses, et même trois. Le premier, corps, désigne un tout inséparable, bien évidemment matériel ; le deuxième est l’esprit? de la chair vivante, la vie de la chair, la vie, l’âme ; le dernier nous parle de l’esprit? d’un corps envisagé en tant que totalité : esprit?. Ils doivent désigner, pour nous, trois réalités matérielles.
Cela devra nous aider à séparer les aspects spirituels et charnels de la vie à un niveau biologique et non métaphysique.

 

Las Hermanas Caronni, Pachamama