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Devenir ou Destin
En marchant , élaborer nos propres chemins ou bien suivre les vieilles ornières.

Vaste amoncellement de réflexions personnelles sur la vie, la science, la politique, la nature?, l’esprit?, parfois les actualités politiques… Dirigés vers un but : élaborer notre propre chemin afin d’éviter le morbide et prévisible destin capitaliste.

Le tout avec de nombreux détours musicaux.

La pauvre stratégie d’une triste entreprise de conquête
Article mis en ligne le 16 décembre 2016

« Le "stratège" Bruno Retailleau coordonnera la campagne de Fillon », affirme aujourd’hui le quotidien Ouest-France. Le président de la Région Pays de la Loire se retrouve en effet chargé de la coordination et de la stratégie de la campagne de François Fillon pour l’édition 2017 de la course à la présidence de la République Française. Mais de là à le penser stratège…

Ce sieur Retailleau connaît la musique, en tout les cas. Lorsqu’il nous chante quelque chose, il prend d’abord la mesure, puis il s’accorde au ton donné, depuis quelques années déjà, par les chœurs médiatiques – que ceux-ci soient d’origine étatique ou marchande. Et il sait se saisir de toute occasion. Dans les documents de présentation de "l’événement culturel" La Folle Journée de Nantes, nous pouvons lire ces phrases signées par lui : « Pour la Région des Pays de La Loire, s’engager aux côtés de la Folle Journée de Nantes, c’est accompagner et encourager une formidable aventure culturelle sur tout notre territoire. C’est à partir de notre identité que nous avons su établir nos plus grandes réussites : la Folle Journée en est une magnifique illustration car elle porte l’image des Pays de La Loire bien au-delà de nos frontières. »

Bon. La Folle Journée ne se contente pas d’être un ouvrage promotionnel de Nantes et de sa région, elle est aussi "une aventure culturelle", mais fabriquée. Elle n’est "culturelle" qu’artificiellement, comme tous nous objets dits "culturels". Elle n’est pas produite par la vie des "ligériens" qui, de toute façon, et comme tout le monde aujourd’hui, continuent de perdre ce qu’il leur reste de leur culture d’antan, de leur vie d’antan, noyés sous les flots tumultueux des productions marchandes incessantes, qu’elles soient ou non à vocation "culturelle". Qu’elles soient ou non à vocation politique ou stratégique.

En affirmant que c’est "à partir de notre identité" que nous établissons nos réussites, Retailleau ne se contente pas d’ajouter son couplet à la chanson que nous entendons tous en boucle depuis au moins les années Sarkozy, il nie l’existence de l’étouffement, de l’écrasement de la culture et de la vie des peuples – de la vie culturelle des peuples –, les peuples vivant tous sous cloche marchande productrice et médiatrice. Mais Retailleau sait qu’il peut être entendu, car pour apercevoir et comprendre telle qu’elle est la cloche sous laquelle nous vivons, il faut être déjà en train d’essayer d’en sortir, de s’en écarter, ou de la briser.

L’exemple de "grande réussite" qu’il nous donne ici est également éclairant : la Folle Journée « porte l’image des Pays de La Loire bien au-delà de nos frontières. » Il pense, hélas avec raison, que chacun de ses potentiels futurs électeurs trouve essentielle la production d’une renommée "internationale" associée, non à ce que nous sommes ici capable de faire réellement par nous mêmes et pour nous mêmes, mais associée à "une image des Pays de la Loire", une image de notre région administrative ; une image qui constitue aussi "notre identité" (l’identité est toujours une image, rien d’autre qu’une image).

Il est à espérer qu’une partie, au moins, de ces électeurs potentiels se proposant d’être auditeurs de musiciens justement renommés, n’iront pas au concert par souci de sauvegarde d’une identité ou d’une autre, mais simplement pour charmer leurs sens et permettre à de grands musiciens d’embellir un moment de leur vie. Et que les musiciens, venus de tous les continents, ne joueront pas pour la région Pays de la Loire ou pour Nantes, mais pour leurs auditeurs, pour la musique, pour eux-mêmes.