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Devenir ou Destin
En marchant , élaborer nos propres chemins ou bien suivre les vieilles ornières.

Vaste amoncellement de réflexions personnelles sur la vie, la science, la politique, la nature?, l’esprit?, parfois les actualités politiques… Dirigés vers un but : élaborer notre propre chemin afin d’éviter le morbide et prévisible destin capitaliste.

Le tout avec de nombreux détours musicaux.

Ville et famille, égalité, équité et liberté (pensée du jour)
Article mis en ligne le 18 octobre 2015

Une réflexion de David Graeber peut-être importante (dans un entretien avec Télérama) :

Depuis les années 60, les archéologues ne nous apprennent plus grand-chose sur les origines de l’inégalité. Or, ce qu’ils en disaient auparavant était faux. Ils affirmaient que lors des premiers regroupements humains, la plupart des hommes vivaient dans de petites communautés de 30 ou 40 personnes partageant ce qu’ils possédaient sur un mode à peu près égalitaire ; bientôt, les villes se forment, un début de civilisation apparaît, des surplus s’accumulent – du coup il faut des gens pour administrer ces surplus — l’écriture, la comptabilité sont inventées et avec elles surgit l’inégalité. Joli scénario... mais complètement faux. D’abord, même quand les hommes vivaient en petits groupes, le rapport social? à l’intérieur de ces groupes n’a jamais cessé de varier. Pour ce qui est des villes, les premières d’entre elles étaient organisées sur un mode plus égalitaire que les petites communautés qui les avaient précédées : les maisons avaient à peu près toutes la même taille, il existait des bains publics efficaces et ouverts à tous, etc. Tout le monde semble croire, pourtant, que dans une petite communauté la démocratie directe est possible, mais que lorsqu’on met beaucoup de gens ensemble, une classe dirigeante s’impose, pour éviter la pagaille. L’Histoire montre exactement le contraire : organiser une ville sur un mode égalitaire est facile. Ce qui est vraiment compliqué, c’est de construire l’égalité entre les membres d’une même famille ! Pour moi, la question n’est d’ailleurs pas de savoir comment la hiérarchie a évolué, mais plutôt : « Pourquoi, à un moment donné, ces oscillations ont cessé ? Pourquoi est-on resté bloqué sur le modèle inégalitaire que nous connaissons aujourd’hui » ?

Organiser une ville sur un mode égalitaire est facile ; ce qui est compliqué, c’est de construire l’égalité au sein des familles…

Mais n’oublions pas que l’égalité n’est pas la seule chose désirable essentielle, il y a aussi la liberté. Qu’en est-il de la liberté ? D’ailleurs, faut-il parler d’égalité – qui ne sera toujours, évidemment, qu’un idéal –, ou faut-il plutôt parler de justice ? La volonté de justice (d’équité, de répartition équitable des ressources…) fait plus facilement bon ménage avec le désir et la volonté de liberté, que ne le fait la volonté égalitaire.

Même si nous avions tous accès aux mêmes ressources matérielles et culturelles, nous ne saurions tous en tirer un égal profit ; il y aura donc justice, équité dans la distribution des choses, mais jamais égalité des êtres humains. Mais qui désire vraiment l’égalité ? Qui ressent le besoin de l’égalité ? Cette volonté égalitaire n’est-elle pas moderne ?