Un intéressant article paru hier dans Le Monde, De l’ivresse historique, signé Germain Latour, m’a fait réaliser qu’après tout, la proposition d’Eva Joly ne faisait guère plus que revenir aux sources, d’une certaine façon. Car le 11 novembre, c’est l’armistice, la fin de la boucherie. C’est cela que l’on célèbre. Ou plutôt que l’on devrait célébrer.
Hélas, on préfère célébrer les morts, et avant tout les nôtres, bien sûr. C’est tout juste si l’on ne célèbre pas la victoire, en fait, et non l’arrêt d’un absurde massacre qui n’avait que trop duré, qui n’aurait même pas dû avoir lieu.
Ce faisant, on entretient dans les esprits l’illusion que ces morts ne sont pas morts pour rien. Tout en se gardant bien de rappeler pourquoi ils sont morts : pour des illusions et quelques intérêts privés (l’industrie chimique s’est fort bien portée, ces années-là).
Bref, le 11 novembre il faut fêter tous ceux qui se sont opposés à la guerre, en particulier à cette guerre-là.
Au passage, on pourrait aussi honorer les mutins assassinés pour l’exemple, et couvrir d’opprobre la hiérarchie militaire responsable...